Accueil A la une Noureddine Taboubi, SG de l’UGTT : « Ils veulent infiltrer l’Ugtt, ils n’y arriveront pas ! »

Noureddine Taboubi, SG de l’UGTT : « Ils veulent infiltrer l’Ugtt, ils n’y arriveront pas ! »

Alors que le blocage persiste entre l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) et la présidence de la République et le gouvernement, les leaders de la Centrale syndicale multiplient les apparitions médiatiques pour revenir sur la situation sociale dans le pays, mais aussi sur les questions politiques, source de tension. Si le dialogue national démarre aujourd’hui samedi avec la première réunion de la commission consultative pour les affaires sociales et économiques, l’Ugtt tient à clarifier, à maintes reprises, sa position s’opposant à toute démarche unilatérale de la part de la présidence de la République.

Hier, lors d’un meeting populaire tenu au Palais des congrès à Tunis, le secrétaire général de la centrale syndicale, Noureddine Taboubi, a tenu à dissiper le flou autour des récentes positions de l’organisation nationale relatives notamment au processus du 25 juillet. Si pour lui, l’Ugtt soutient le changement opéré lors du 25 juillet, elle s’oppose, cependant, à ce qu’elle appelle une démarche unilatérale de la part du Président de la République. « L’Ugtt est équidistante de toutes les formations politiques, mais ne peut pas être dissociée de la scène nationale, l’avenir de la Tunisie nous concerne certainement, mais nous voulons une approche participative pour le construire sur la base du changement opéré le 25 juillet », a-t-il dit. Et de mettre en garde contre un désintérêt des Tunisiens face aux prochaines échéances électorales au vu de la tension politique.

Dans ce contexte, Taboubi s’est adressé, lors de son discours, directement au président de la République l’appelant à éviter tout règlement de comptes. Car, selon ses dires, les rapports et informations qui lui parviennent ne sont pas tous corrects, et que certaines parties veulent nuire aux intérêts du Président Kaïs Saïed. « J’appelle le président de la République à revoir certaines choses, ce ne sont pas tous les rapports qu’ils consultent qui sont vrais, certains veulent l’induire en erreur », a-t-il mis en garde. Et d’ajouter même que des personnes sont en train de faire du chantage à des hommes d’affaires en usant de l’identité du Président de la République.

Le secrétaire général de l’Ugtt, Noureddine Taboubi, a également révélé que la centrale syndicale fait face à des tentatives d’infiltration et que des « plans ont été déjoués ». « L’ancien secrétaire général de l’Ugtt, Houcine Abassi, a été contacté par des parties qui pensaient être capables d’infiltrer l’organisation. Mouldi Jendoubi et d’autres cadres ont été approchés, mais, soyez sûrs, il est impossible d’infiltrer l’Ugtt », a-t-il déclaré, rappelant que la position de l’Ugtt s’opposant à la participation au dialogue national est une question de principe.

Taboubi a poursuivi en insistant sur le fait que les dirigeants de la Centrale syndicale n’acceptent pas ce genre de tentatives, rappelant que ses leaders font, plus que jamais, preuve de solidarité.

Réformes et négociations avec le FMI

D’autre part, le premier responsable de l’Ugtt est revenu sur la situation sociale et économique en Tunisie. Déplorant la nette baisse du pouvoir d’achat des citoyens et la dégradation de la situation sociale dans le pays, Taboubi a estimé nécessaire de placer les prochaines réformes économiques et sociales sur la table du débat. Il appelé dans ce sens à consacrer certaines tribunes médiatiques pour discuter ouvertement et publiquement des prochaines réformes économiques, rappelant que la Centrale syndicale a déjà élaboré sa vision et son projet portant sur cette question.

Pour ce qui est des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), Taboubi a réitéré son attachement à un programme de financement clair préservant les intérêts des Tunisiens et leurs droits.

« La centrale syndicale reste ouverte à toutes les réformes tuniso-tunisiennes mais refuse d’appliquer des mesures étrangères, et nous ne sommes pas prêts à accepter un accord qui nuit au pouvoir d’achat des Tunisiens », a pour sa part déclaré le secrétaire général adjoint de l’Ugtt, Samir Cheffi.

Il faut rappeler dans ce sens que Noureddine Taboubi avait fait part de son étonnement en marge de l’annonce faite par le gouvernement concernant la préparation d’un programme de réforme et l’avancement des négociations avec le Fonds monétaire international, alors que la présidence de la République a annoncé la formation d’une commission économique et sociale qui sera chargée d’étudier les réformes. Noureddine Taboubi a signalé que le gouvernement a préparé un projet de réformes complètement différent de celui qui a été réalisé par le département des études de la centrale syndicale et qui doit être présenté à la discussion lors de la commission administrative.

Le flou persiste toujours sur les relations entre le gouvernement et l’Ugtt au sujet de l’accord avec le FMI.

Selon certaines informations, cette institution financière exige un accord préalable de la part de l’Ugtt pour pouvoir décaisser les nouveaux financements. L’agence de notation Fitch Ratings a émis un nouveau rapport sur la situation en Tunisie, dans lequel elle épingle les tensions politiques. Grosso modo, elle estime indispensable un accord entre le gouvernement et « l’influente Ugtt » pour parvenir à une nouvelle ligne de crédit assurée par le Fonds monétaire international (FMI).

Enfin, Noureddine Taboubi est revenu sur la révocation par décret présidentiel de 57 juges qui seraient liés à des affaires de corruption, estimant que ce genre de décisions doit passer impérativement par la justice et par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

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